L’HISTOIRE DYNASTIQUE DE TIKAL

 

 

 

 

 

 

 

L’HISTOIRE DYNASTIQUE DE TIKAL

ET

LA STÈLE 26

 

 

André SEGURA

Maître de conférences des universités

 

 

Autres publications : http://andre.segura1.free.fr/tmccop.htm

 

 

 

A propos de l’histoire dynastique de Tikal, deux points de vue s’affrontent qui s’inscrivent dans deux courants opposés quant aux rapports qu’auraient entretenus les Basses Terres mayas et Teotihuacán: le courant « internalist » et le courant « externalist » (Braswell  2003, pp. 6-14).

L’idée générale défendue par le premier, représenté ici par la thèse de L. Schele et D. Freidel (Schele & Freidel  1990), reprise par R.J Sharer dans la 5ème édition de The Ancient Maya, est que les indices de l’influence de Teotihuacán sur la zone maya à la Période Classique ne témoignent pas de l’existence de relations de pouvoir entre les Basses Terres mayas et les Hautes Terres mexicaines dans lesquelles ces dernières auraient constitué le pôle dominant ; ils seraient ceux du rayonnement culturel de la grande cité centro-mexicaine ; les élites mayas auraient adopté l’idéologie militariste teotihuacane et l’ensemble des symboles qui l’accompagne. Plus particulièrement, à propos de l’histoire dynastique de Tikal, ce courant soutient que Teotihuacán n’est pas intervenue dans le passage du pouvoir de Great Jaguar Paw (Chak Tok Ich’aak I)  à  Curl Nose (Yax Nuun Ayiin I) qui se serait inscrit dans la continuité dynastique prévalant depuis Yax Ehb’ Xook (Yax Moch Xoc), le fondateur.

Pour le second, représenté ici par la thèse de D. Stuart, S. Martin et N. Grube, reprise par R.J Sharer et L.P Traxler dans la 6ème édition de The Ancient Maya, l’intrusion effective de Teotihuacán dans les Basses Terres mayas dans la deuxième moitié du 4ème siècle ap. J-C est manifeste ; elle aurait emprunté la voie des incursions militaires (1) ; à Tikal, elle eut pour effet de mettre fin au règne de la dynastie issue de Yax Ehb’ Xook, dont le dernier souverain aurait été Great Jaguar Paw (Chak Tok Ich’aak I), au profit d’une nouvelle originaire de Teotihuacán, dont le premier de liste aurait été Curl Nose (Yax Nuun Ayiin I).

 

 

 

 

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Fig.1 : Stèle 26, texte latéral gauche, Tikal, Guatemala (reproduit de Sharer, 1994). Les glyphes en position A4, B4 et B6 sont les glyphe-noms de, respectivement, Stormy Sky, Great Jaguar Paw et Curl Nose.

 Dans les développements qui suivent c’est la remise en cause de cette dichotomie, limitée au cas de l’histoire dynastique de Tikal, qui est tentée après la mise en évidence d’un indice fort de la fragilité de la thèse « externalist » procédant de son incapacité à produire une interprétation recevable des textes de la Stèle 26 de Tikal .

Pour avancer dans la connaissance des rapports entre Teotihuacán et Tikal au Classique Ancien, D. Stuart considère qu’il convient d’avoir recours à « an analysis of the hieroglyphic texts at Tikal » (Stuart 2000, p. 466) ; or, parmi les textes analysés, on chercherait en vain ceux de la Stèle 26 de Tikal ; il n’est pas étonnant, dans ces conditions, qu’une telle analyse ait pu aboutir à la conclusion selon laquelle un changement dynastique s’était produit lors du passage du règne de Chak Tok Ich’aak I à celui de Yax Nuun Ayiin I (Stuart  2000, pp. 487-489) ; ce dernier, dont le père serait  un dénommé Spearthrower Owl, possiblement roi de Teotihuacán (Martin & Grube 2000, p. 31; Stuart 2000, pp. 483 et 489), aurait inauguré une nouvelle dynastie.

 

 

Etablir un tel lien entre « l’omission » des textes de la Stèle 26 et la possibilité de soutenir la thèse d’un changement dynastique pourrait étonner : dans la 6ème édition de The Ancient Maya, R.J Sharer et L.P Traxler soutiennent le même point de vue quant à la rupture dynastique et, pourtant, font mention des textes portés par ledit monument.

Il convient cependant de remarquer que le passage de la 5ème à la 6ème édition de The Ancient Maya est marqué par une déperdition d’information dont les contours apparaissent clairement en mettant en parallèle deux citations relatives à ce monument.

Le texte de la 5ème édition : « The fourteenth ruler, Jaguar Paw Skull (…) also dedicated Stela 26, once a magnificent sculpture showing Jaguar Paw Skull  in a full frontal portrait with, at the sides, hieroglyphic texts naming his ancestors, Great Jaguar Paw, Stormy Sky, and Curl Nose »  (Sharer  1994, p. 205) (2).

Le texte de la 6ème édition: « Chak Tok Ich’aak I (…) may have also dedicated Stela 26 (…) once a magnificent sculpture showing the ruler in a full frontal pose with hieroglypic texts on both sides naming his ancestor » (Sharer & Traxler  2006, pp.315-317).

Cette déperdition d’information relative au nom des ancêtres du commanditaire s’accompagne d’un changement de ce dernier ; ce ne serait plus Jaguar Paw Skull, comme dans la 5ème édition, mais Great Jaguar Paw (Chak Tok Ich’aak I); mais il s’agirait toujours du 14ème dirigeant. Déperdition d’information et changement de commanditaire sont, en fait, étroitement liés.

 

La cause de la déperdition d’information

 

 « L’omission », dans la 6ème édition, du nom des ancêtres figurant dans le texte latéral gauche de la stèle (3) et énoncés dans la 5ème édition n’en est pas une ; c’est l’effet de l’abandon de la thèse de L. Schele et D. Freidel, adoptée par R.J Sharer dans la 5ème édition, pour celle défendue par D. Stuart, S. Martin et N. Grube, épousée dans la 6ème, à propos des circonstances qui ont présidé au passage du règne de Chak Tok Ich’aak I  à celui de Yax Nuun Ayiin I.

L. Schele et D. Freidel (4), dont R.J Sharer semble épouser la thèse dans la 5ème édition tant est importante la place qu’il lui consacre à propos de la consolidation de la puissance de Tikal (Sharer  1994, pp.185-191), soutiennent que Great Jaguar Paw (Chak Tok Ich’aak I), 9ème dirigeant de Tikal (Sharer  1994, p. 175), désigné par le titre de Spearthrower Owl ("Lanzadera-Lechuza")( Schele & Freidel 1990, pp.156-157), est le père de Yax Nuun Ayiin I, son successeur ; R.J Sharer ne conteste pas la proposition des deux auteurs selon lesquels Yax Nuun Ayiin I serait le fils de son prédécesseur sur le trône de Tikal (Schele & Freidel  1990, pp. 154-156 ; Sharer  1994, pp.185-189). Pour ces derniers, Chak Tok Ich’aak I aurait eu un frère, Siyaj K’ak’ (Smoking Frog), commandant de l’armée de Tikal qui conquit Uaxactún ; ce dernier serait devenu le dirigeant de cette dernière cité sous l’autorité de Chak Tok Ich’aak I. A la mort de ce dernier, qui serait survenue après la conquête de Uaxactún, son fils,  Yax Nuun Ayiin I, serait monté sur le trône de Tikal en septembre 379 et aurait régné sous le protectorat de son oncle, Siyaj K’ak’, roi de Uaxactún.

La thèse de D. Stuart, S. Martin et N. Grube. D’après ces auteurs, dont la thèse est reprise par la 6ème édition de The Ancient Maya, Chak Tok Ich’aak I est le dernier souverain de la première dynastie de Tikal dont le règne fut interrompu par « l’arrivée » (violente) de Siyaj K’ak’  dans cette cité. « Agent » de Teotihuacán, Siyaj K’ak’ aurait installé sur le trône de Tikal Yax Nuun Ayiin I, fils de Spearthrower Owl, après l’assassinat de Chak Tok Ich’aak I qui aurait eu lieu le jour de « l’arrivée » à Tikal de Siyaj K’ak’ (Martin & Grube  2000, p. 29).

Sur la base de cette thèse, le texte de la 5ème édition relatif à la Stèle 26 est inacceptable parce qu’il est difficilement imaginable que le commanditaire de ce monument, qui aurait été Jaguar Paw Skull (Chak Tok Ich’aak II), d’après cette édition,  y ait fait référence au dernier souverain de l’ancienne dynastie dont l’assassinat fut l’acte fondateur de la nouvelle dynastie à laquelle il aurait appartenu. Cette thèse implique donc de considérer  que le commanditaire et les ancêtres cités dans les textes latéraux de la Stèle 26 appartiennent tous à l’ancienne dynastie.

Le support d’un regroupement dynastique partiel allant dans ce sens fut donné par le Vase de Animal Skull et la Stèle de 1 de El Encanto. El Encanto est un site distant de 11,5 km de Tikal dont la Stèle 1 livre le nom de Siyaj Chan K’awiil ; à la différence de S.G Morley, qui date le monument de 9.8.4.9.1 (598 ap. J-C) (Martin  2003, p. 7), S. Martin estime que la date la plus probable serait antérieure à 8.14.0.0.0 (Martin  2003, p. 39, note 9). Ce qui signifierait que le fils de Yax Nuun Ayiin I, Siyaj Chan K’awiil II (Stormy Sky), aurait eu un homonyme qui aurait régné vers 300 ap. J-C. S. Martin avance avec une apparente assurance que cet homonyme serait celui qui est désigné comme étant le 11ème dirigeant par le Vase de Animal Skull (Martin  2003, p. 9); mais cette assurance se mue en simple hypothèse lorsqu’il écrit avec N. Grube (Martin & Grube  2000, p. 27). Sur la base de cette hypothèse, un souverain dénommé Siyaj Chan K’awiil peut avoir été un ancêtre de Chak Tok Ich’aak I (Great Jaguar Paw).

Ce regroupement dynastique fut complété par une lecture de la coiffe du personnage représenté sur une face de la Stèle 29. Bien qu’endommagée, cette coiffe livrerait tous les éléments du nom Chak Tok Ich’aak, qui serait donc celui d’un souverain antérieur à la date portée par ce monument, 292 ap. J-C ; le commanditaire de la Stèle 29 ne serait donc pas le successeur de Yax Moch Xoc (Martin  2003, p. 7) ?

Arrivé à ce stade, Chak Tok Ich’aak I (Great Jaguar Paw) aurait donc eu deux ancêtres portant les noms, du plus récent au plus ancien,  de Siyaj Chan K’awiil et de Chak Tok Ich’aak. Le regroupement dynastique des noms cités sur la Stèle 26 était sur la bonne voie ; pour le parfaire, il restait à prouver qu’un membre de la première dynastie portait le nom de Yax Nuun Ayiin. S’ils y étaient parvenus, les tenants de la thèse « externalist » auraient pu prétendre avec une certaine légitimité que le commanditaire de la Stèle 26, dont ils ne remettent pas en cause le fait qu’il occupe le 14ème rang dans la liste dynastique, était Chak Tok Ich’aak I et que ses ancêtres, qu’il nommait sur le monument, portaient les noms de Chak Tok Ich’aak, de Siyaj Chan K’awiil et de Yax Nuun Ayiin. Mais tel n’est pas le cas et le fait qu’un dénommé Siyaj Chan K’awiil soit désigné comme le 11ème souverain par le Vase de Animal Skull est compatible avec le rang de 9ème souverain revendiqué par Chak Tok Ich’aak I (Great Jaguar Paw) (Sharer  1994, p. 175). S. Martin et N. Grube ont donc échoué à opérer le regroupement dynastique du commanditaire de la Stèle 26, le 14ème dirigeant, et des trois ancêtres qu’il cite sur ce monument.

 

C’est cet échec à prouver l’existence d’un dénommé  Yax Nuun Ayiin  avant Chak Tok Ich’aak I (Great Jaguar Paw) qui expliquerait que R.J Sharer et L.P Traxler, qui adhèrent à la thèse de S. Martin et N.Grube dans la 6ème édition, aient renoncé à la liste des ancêtres donnée par R.J Sharer dans la 5ème édition.

 

La  synthèse

 

Les développements qui précèdent invalident la synthèse à laquelle M.D Coe procède : il continue de reconnaître Chak Tok Ich’aak I (Great Jaguar Paw) comme le huitième successeur de Yax Ehb’ Xook (Yax Moch Xoc) et Yax Nuun Ayiin I (Curl Nose) comme le dixième dirigeant de Tikal en même temps qu’il soutient que ce dernier inaugure une nouvelle dynastie, manifestement d’origine étrangère, après l’assassinat du premier consécutif à « l’arrivée » à Tikal de Siyaj K’ak’ ; ce dernier aurait pu être un vassal du dénommé Spearthrower Owl, qui aurait pu être souverain de Teotihuacán (Coe 2005, p.96). Entre la 5ème et la 6ème édition de The Ancient Maya, R.J Sharer est sur la même position (5).

Cependant, ces considérations relatives à la Stèle 26 n’interdisent pas toute synthèse et ne signifient pas que R.J Sharer et L.P Traxler aient été confrontés à une alternative dont les termes étaient :

1er terme : reconduire  purement et simplement dans la 6ème édition l’adhésion de R.J Sharer dans la 5ème - à la thèse de L. Schele et D. Freidel  concernant les rapports entre Chak Tok Ich’aak I, Yax Nuun Ayiin  et Siyaj K’ak’  - et à l’interprétation de la Stèle 26 qui faisait des deux premiers et de  Siyaj Chan K’awiil (Stormy Sky) les ancêtres du commanditaire de la Stèle 26, le 14ème dirigeant.

2ème terme : « omettre » la liste des ancêtres du commanditaire afin de pouvoir prendre en compte l’hypothèse d’une intervention de Teotihuacán dans la transmission du pouvoir de Chak Tok Ich’aak I à Yax Nuun Ayiin par l’intermédiaire de son agent Siyaj K’ak’ dont « l’arrivée » a Tikal aurait été représentée sur une poterie du Dépôt Problématique 50.

Les auteurs de la 6ème édition auraient pu s’engager dans une troisième voie, celle de la synthèse des reconstitutions historiques proposées, d’une part, par L. Schele et D. Freidel et, d’autre part, par S. Martin et N. Grube. Dans le cadre d’une telle synthèse, la compatibilité des évènements ayant entouré l’avènement de Yax Nuun Ayiin et de l’interprétation des textes latéraux de la Stèle 26 retenue dans la 5ème  ne pose plus de problème.

 

Le point de départ de la synthèse est emprunté à L. Schele et D. Freidel.

Chak Tok Ich’aak I  (Great Jaguar Paw) aurait eu pour frère Siyaj K’ak’ (Smoking Frog) (6) ; mais, contrairement au scénario échafaudé par ces deux auteurs, ce dernier disputa le trône au premier. Cette hypothèse d’une rivalité interne constitue le pivot de la synthèse proposée ici.

L’idée que les évènements de 378-379 ap. J-C aient été dus à une rivalité interne n’est pas nouvelle ; elle fut émise antérieurement par J.P Laporte et V. Fialko. Pour ces derniers, les relations de deux lignées de l’élite de Tikal rythmèrent la vie politique de cette cité : la Lignée de Jaguar Paw et la Lignée Ma’Cuch (Laporte & Fialko  1990, pp. 45 & 57) centrées, respectivement, pour ce qui concerne les pratiques funéraires, sur le Mundo Perdido et l’Acropole Nord (Laporte & Fialko  1990, pp. 64 & 62) alors que ce dernier complexe aurait été le lieu de l’exercice du pouvoir lorsque la première lignée était dominante (7). Cette domination s’acheva en même temps que le règne de Chak Tok Ich’aak I qui fut défait par le chef de la Seconde, Siyaj K’ak’ (8); ce dernier devint souverain de Tikal et de Uaxactún (Laporte & Fialko 1990, p. 57). La victoire de Siyaj K’ak’, membre de l’élite de Tikal,  sur Chak Tok Ich’aak I (Great Jaguar Paw), le souverain,  a pu être précédée d’un voyage du premier dans une cité étrangère et son « arrivée » n’en serait que le retour; c’est du moins le point de vue que formule G.E Braswell (Braswell 2003, p.25) dans le cadre de la thèse de J.P Laporte et V. Fialko. Faire l’hypothèse que cette cité étrangère était Teotihuacán permettrait de mieux comprendre l’accentuation de l’influence culturelle de cette dernière sur Tikal après la rupture dynastique.

Rien n’interdit de reprendre ce point de vue de J.P Laporte et V. Fialko C. dans le cadre de l’hypothèse selon laquelle les protagonistes de cette rivalité étaient le roi, Chak Tok Ich’aak I, et son frère, Siyaj K’ak’. Cette rivalité aurait pu conduire ce dernier à l’exil à Teotihuacán dont il revint pour triompher du premier. Rien n’interdit d’envisager que son retour ait pu bénéficier d’une aide intéressée de cette cité. C’est de Uaxactún, dont il devint le souverain, que Siyaj K’ak’ exerça son protectorat sur son neveu (9) qui, « naturellement », avait hérité le trône de son père, après  la victoire sur Uaxactún (le jour 8.17.1.4.12  11 Eb 15 Mac) que le premier remporta avant son « arrivée» à Tikal (10).

On peut imaginer que la conquête violente de Uaxactún constitua une démonstration de force suffisamment convaincante (11) pour que le parti (dont Siyaj K’ak’ avait été le chef avant son exil) se renforçât qui oeuvrait à Tikal pour la déclarer « cité ouverte » ; ce parti élimina Chak Tok Ich’aak I  et ouvrit Tikal à Siyaj K’ak’ (12). Pour ne pas prolonger l’instabilité dans la région, qui aurait été nuisible au commerce auquel Teotihuacán était intéressée, ce que n’aurait pas manqué de provoquer une lutte intestine à Tikal, Siyak K’ak’, déjà maître de Uaxactún,  accepta le compromis portant au trône le fils du roi assassiné, c’est-à-dire son neveu, parce que - la forte présence de son parti dans cette cité lui permettrait d’exercer sa tutelle sur cette dernière – le jeune âge du nouveau souverain ne constituait qu’un mince obstacle à ladite tutelle.

 

Arguments à l’appui de cette synthèse

 

Des éléments de la synthèse proposée ici, qui ne doivent pas à D. Stuart, S. Martin et N. Grube, sont confortés par la mise en parallèle de ce fragment d’histoire dynastique de Tikal, d’une part, avec celle de Copán et, d’autre part, avec celle ultérieure de Tikal ; ces éléments sont : - l’existence d’une réelle continuité dynastique entre le règne de Chak Tok Ich’aak I et celui de Yax Nuun Ayiin - l’exil comme conséquence de la rivalité pour le pouvoir au sein de la fratrie des descendants du souverain défunt suivi d’un retour de l’exilé (13). Par ailleurs, la capacité de la synthèse à rendre compte de manière cohérente du décor du Vase du Dépôt problématique 50 sensé représenter « l’arrivée » de Siyaj K’ak’ ajoute à sa recevabilité.

 

1°) La référence à Copán

 

Apparemment, le fait que, selon S. Martin, Siyaj Chan K’awiil II (Stormy Sky) aurait revendiqué le 16ème rang dans la liste dynastique inaugurée par Yax Ehb’ Xook (Martin  2003, p. 15) pourrait venir à l’appui de cet élément de la synthèse provenant de la thèse de L. Schele et D. Freidel selon lequel Yax Nuun Ayiin I, qui succéda à Chak Tok Ich’aak I, au moment du retour à Tikal de Siyaj K’ak’, en qualité d’agent de Teotihuacán, était le fils de son prédécesseur. Pour échapper à un « tel effet pervers », relativement à l’objectif qui était le leur, S. Martin et N. Grube soutiennent que Yax Nuun Ayiin aurait pris femme dans le groupe dirigeant de Tikal afin de conforter son pouvoir en établissant une continuité avec le fondateur de la dynastie défaite (Martin 2003, p. 17); ce qui permit à son fils et successeur, Siyaj Chan K’awiil II,  de se présenter comme le 16ème dirigeant de la dynastie fondée par Yax Ehb’ Xook. Pour étayer leur thèse quant à l’origine locale de l’épouse de Yax Nuun Ayiin I, S. Martin et N. Grube invoquent les titres portés par  cette dernière (Martin & Grube  2000, p. 32).

Mais cet étayage est mis à mal par le fait que S. Martin admette que « Where their names are known, they seem – like that of Siyaj K’ak’ himself – to be Mayan in form » (14); effectivement, n’a-t-il pas soutenu que les noms de Chak Tok Ich’aak I et de Siyaj Chan K’awiil furent portés par plus d’un souverain de l’ancienne dynastie ? Un nom ne serait donc pas révélateur d’une origine : le teotihuacan Siyaj K’ak’ lui-même porterait un nom maya. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour un titre : les titres de l’épouse de Yax Nuun Ayiin I ne prouvent pas nécessairement son appartenance au groupe maya antérieurement dominant.

Cet étayage est également ébranlé par l’exemple de Copán qui inciterait à penser que l’inclusion des souverains de la dynastie défaite dans la liste à laquelle prétend appartenir le commanditaire du monument n’est pas dans la tradition des dirigeants du « Nouvel Ordre » qui couvre la période allant de 378 à 508 (Martin  2003, p. 11).

Yax K’uk’ Mo’ n’était pas le premier dirigeant de Copán (Stuart  2000, p. 490 ; Fash 2001, p.87 ; Sharer  2003, p. 323); ce serait un étranger qui aurait conquis par la force cette cité non-maya (Fash & Fash  2000, pp.448-449) et aurait fondé une nouvelle dynastie qui régna sur cette dernière à partir du 5ème siècle ap. J-C (Sharer  2003, p. 327); l’hypothèse retenue ici est qu’il serait venu de Tikal (15) à un moment où régnait dans cette dernière un souverain du « Nouvel Ordre », Siyaj Chan K’awiil II, celui-là même qui avait revendiqué son appartenance à la dynastie fondée par  Yax Ehb’ Xook en qualité de 16ème souverain, selon S. Martin et N. Grube.

Nulle revendication de ce type de la part de K’inich Popol Hol, fils et successeur de Yax K’uk’Mo’ qui, pourtant, aurait été dans la même situation que Siyaj Chan K’awiil II vis-à-vis du dernier dirigeant de la cité avant Yax K’uk’ Mo’: à l’instar du père de Siyaj Chan K’awiil II, Yax Nuun Ayiin (si l’on en croit S. Martin et N. Grube), qui aurait été premier souverain de la nouvelle dynastie, Yax K’uk’ Mo’, père de K’inich Popol Hol et fondateur de la dynastie dont ce dernier était le 2ème souverain, aurait pris femme au sein de la noblesse locale (Fash & Fash  2000, p. 450), et plus particulièrement de l’ancienne famille régnante (Sharer  2003, p. 323), afin de consolider son pouvoir. Certes, mention est faite, notamment, d’un souverain dénommé Mak’ina Leaf Ajaw dans le texte du côté Sud de la Stèle I ; il y est associé à un évènement qui se serait produit en 8.6.0.0.0 10 Ahau 13 Chen (la constitution de Copán en entité politique ?); mais, pas plus le marqueur de la Structure Motmot que la Stèle 63, dont le commanditaire fut K’inich Popol Hol (16), ne portent trace de la volonté de ce dernier d’inscrire son règne dans une suite dynastique dont les origines remonteraient à la période précédant « l’arrivée » de Yax K’uk Mo’ ; tous les successeurs de ce dernier déterminèrent leur rang dans la liste des souverains en le prenant comme point de départ alors que Siyaj Chan K’awiil II se compterait au nombre des successeurs de Yax Ehb’ Xook, fondateur de la première dynastie de Tikal, prétendument défaite par Siyaj K’ak’.

Les éléments manquent qui permettraient de comprendre pourquoi le nouveau groupe dirigeant de Copán, qui devait entretenir des liens étroits avec celui de Tikal (Sharer  2003, p. 323), n’aurait pas adopté un comportement inspiré de celui que ce dernier aurait mis en œuvre, selon S. Martin et N. Grube, pour conforter sa mainmise sur la cité.

Le cas de Copán, cité pour laquelle la thèse de la rupture dynastique semble solidement établie, plaide donc, a contrario, pour l’hypothèse d’une réelle continuité dynastique entre le règne de Chak Tok Ich’aak I et celui de Yax Nuun Ayiin à Tikal.

 

2° le retour de l’exilé

 

L’élément clé de cette synthèse, le retour du frère-rival exilé, est une hypothèse recevable (17) dans le contexte de l’histoire dynastique de Tikal ; elle est le résultat de la transposition-adaptation de deux faits dynastiques postérieurs touchant cette cité, rapportés par S. Martin et N. Grube.

Chak Tok Ich’aak II (Jaguar Paw Skull), mort en 508 ap. J-C, aurait eu pour successeur sa fille, Lady of Tikal, qui serait montée sur le trône en 511 ap. J-C, à l’âge de 6 ans. En décembre 537, après une période d’exil, son frère, accéda au trône de Tikal, dont il fut le 21ème  Dirigeant. S. Martin et N. Grube ne disent rien quant aux raisons de cet exil et au caractère violent ou pacifique de l’« arrivée » (Martin & Grube  2000, p. 39) de celui qui devait régner sous le nom de Wak Chan K’awiil (Double Bird); ils sont également muets sur d’éventuels appuis extérieurs qui auraient pu assurer le succès de son « arrivée». Ici, nous avons donc l’illustration de ce qu’une dissension intra-familiale a pu provoquer l’exil temporaire du légitime prétendant au trône dans le cadre de la transmission du pouvoir privilégiant les héritiers mâles. Cette « arrivée » n’a pas provoqué de rupture dynastique.

Plus tard, le fondateur de Dos Pilas, B’alaj Chan K’awiil (Flint Sky), fut l’acteur d’une tentative d’ « arrivée» violente sur Tikal. Il fut peut-être fils de K’inich Muwaan Jol II, 23ème ou 24ème Dirigeant de Tikal, et, de ce fait, peut-être frère de Nuun Ujol Chaak (Shield Skull), roi de Tikal (Martin  2003, pp.26-27). Roi renversé ou prétendant frustré, il s’exila et fonda Dos Pilas qui fut pour lui une « base arrière » à partir de laquelle il envisageait de (re)conquérir le trône (perdu ?) de Tikal avec l’appui de Calakmul (Martin & Grube  2000, pp. 56-57 ; 108-109). Dans ce cas, l’ « arrivée » eut été violente et l’appui extérieur clairement identifié. Mais le plan échoua. Comme Siyaj K’ak’, le succès en moins, B’alaj Chan K’awiil tenta un retour à Tikal avec l’aide d’une puissance étrangère. Son succès n’aurait pas provoqué de changement dynastique ; B’alaj Chan K’awiil victorieux aurait eu certainement à cœur de mettre en exergue la continuité dynastique.

 

3°)Le décor du Vase du Dépôt Problématique 50

 

Si le décor du Vase du Dépôt Problématique 50 relate « l’arrivée » violente de Siyaj K’ak’ à Tikal (Martin & Grube  2000, p.29) qui met fin à la vieille dynastie on ne comprend pas pourquoi la scène qu’il porte en décoration ne comporte pas des signes qui, selon S. Martin et N. Grube, sont ceux d’une conquête violente et de la fin de la dynastie qui s’ensuit (Martin & Grube  2000, p.29) : - un temple en flamme (Martin  2000, p.178) - une étoile déversant sur la terre de l’eau ou du sang (Martin & Grube  2000, p.16). Le fait que la Structure 5D-46, résidence du clan de  Chak Tok Ich’aak I (donc de celui de Yax Nuun Ayiin si l’on adopte le point de vue de la synthèse proposée ici) n’ait jamais été endommagée (Harrison  2003, p.178) pourrait constituer un indice de ce que cette « arrivée » ne fut pas violente.

La synthèse proposée ici offre une grille de lecture plus cohérente de ce décor.

L’un des deux émissaires (Fig. 2, personnages I et J) de Teotihuacán serait Siyaj K’ak’. Le maya (Fig. 2, D), assis sur les marches du temple aux caractéristiques mixtes (Fig. 2, temple 2), accueille sans animosité apparente une « délégation armée » (Fig. 2, E-F-G-H et I-J) ne manifestant pas d’agressivité ; ce Maya accueillant pourrait être le chef de la faction qui aurait œuvré pour ouvrir Tikal à Siyaj K’ak’. Le personnage (Fig. 2, C) se tenant à l’intérieur du même temple pourrait être le futur souverain, Yax Nuun Ayiin I. Ce temple, dont les caractéristiques empruntent aux temples de styles maya (Fig. 2, temple 1) et teotihuacan (Fig. 2, temple 3), pourrait être l’expression symbolique du compromis.

 

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Fig. 2 : Décor du Vase du Dépôt Problématique 50, Tikal, Guatemala, (reproduit de Culbert, 1993)

 

Reste la question de ces deux enfants dont le plus petit (L) est assis sur la plateforme du temple de style teotihuacan et le plus grand (K) entre ce dernier et le dernier adulte sur le départ. Elle est traitée dans le cadre d’une synthèse plus large (Segura 2007, Chapitre III ).

 

Interrogation en guise de conclusion

 

La portée de ces considérations relatives à la Stèle 26 est fonction de la réponse admise à la question du statut de l’expression « Spearthrower Owl ». Elle est grande ou quasiment nulle selon qu’il s’agit d’un titre ou le nom d’un personnage.

 L. Schele et D. Freidel retiennent la première hypothèse ; ce titre aurait été porté par Chak Tok Ich’aak I, le père de Yax Nuun Ayiin I, et par Siyaj Chan K’awiil II, le fils de ce dernier (Schele & Freidel 1990, p. 154-158). Les tenants de la thèse « externalist » soutiennent, quant à eux, qu’il s’agit du nom d’un personnage, père de Yax Nuun Ayiin I.

Si ces derniers ont raison, le fait de ne pas avoir découvert à ce jour un ancêtre de Chak Tok Ich’aak I portant le nom de Yax Nuun Ayiin n’est pas décisif ; dans le cas contraire, les considérations relatives a la Stèle 26 s’en trouvent renforcées.

Il ne s’agit pas ici de rentrer dans le débat mais de souligner un point qui n’a pas pu échapper à ces derniers. Le nom de ce personnage serait inscrit sur des monuments (18) alors qu’il n’a été représenté dans aucune des cités soumises par Siyaj K’ak’ , son vassal (Stuart  2000, p. 483).

La première explication possible est que Spearthrower Owl  n’a régné dans aucune de ces cités (Stuart 2000, p. 482); or, les représentations lapidaires étaient généralement réservées aux souverains du lieu. Il convient de remarquer, cependant, que cette explication est affaiblie par le Linteau 2 de La Pasadita et le Linteau 2 de la Structure 1 de Bonampak ; dans les deux cas, le roi de Yaxchilán (19) y est représenté parce qu’il est suzerain du seigneur local ; or, c’est ce rapport hiérarchique qui aurait lié Spearthrower Owl  aux souverains installés par son agent, Siyaj K’ak’, dans les cités de Tikal et Uaxactún (20).

Par contre, cette explication pourrait trouver un renfort dans l’hypothèse que le dénommé Spearthrower Owl était roi de Teotihuacán. Il semblerait que la tradition du culte de la personnalité n’avait pas droit de cité dans cette dernière (Fash & Fash  2004, p. 449), alors qu’elle avait été développée par les souverains mayas du Classique qui avaient dressé une « forêt » de stèles affichant leurs portraits. Mais alors, comment comprendre que son vassal, Siyaj K’ak’, ait été représenté sur la Stèle 5 de Uaxactún, comme continue de l’admettre R.J Sharer (Sharer  1994, p.186; Sharer & Traxler  2006, p.323) alors qu’il a abandonné, dans la 6ème édition, la thèse « internalist » de L. Schele et D. Freidel (21) pour la thèse « externalist » de D. Stuart, S. Martin et N. Grube ? Plus cohérente, semble-t-il, est la position de D. Stuart selon lequel pas plus Siyaj K’ak’ que Spearthrower Owl, n’aurait fait l’objet d’une représentation (Stuart  2000, p. 483) ; bien que la Stèle 5 de Uaxactún mentionne le nom de Siyaj K’ak’, le portrait qui orne sa face serait celui d’un guerrier (Stuart  2000, p. 476), à propos duquel S. Martin et N. Grube émettent l’hypothèse qu’il pourrait s’agir de cet autre étranger que Siyaj K’ak’ aurait pu installer sur le trône de Uaxactún (Martin & Grube  2000, p. 30). D’une certaine manière, la Stèle 26 de Tikal nous renvoie à la Stèle 5 de Uaxactún.

 

Remarque finale

 

L’accord n’existe pas sur la lecture du glyphe B6. Pour C. Jones et L. Satterthwaite il désignerait Kan Boar (encore appelé Kan Chitam) (Jones & Satterthwaite 1982 : 58), père de  Jaguar Paw Skull (Chak Tok Ich’aak II) et Curl Nose ( Yax Nuun Ayiin I) selon L. Schele et D. Freidel (Schele & Freidel 1990 : 197). Par ailleurs, il convient de noter que R.J Sharer entretient la confusion. Dans la légende de la Stèle 26, à propos de la liste des noms figurant sur le côté gauche de la stèle, R.J Sharer ne cite pas Curl Nose mais Kan Boar (Sharer 1994 : 206) ; par contre, dans la liste des ancêtres sculptée sur le dit côté le premier figure mais pas le seconde (Sharer 1994 :205) (22).

.Mais l’argumentation qui précède n’est pas tributaire de la lecture du glyphe B6. Les tenants de la thèse « externalist » n’ont pas plus établi l’existence d’un ancêtre de Chak Tok Ich’aak I dénommé Curl Nose que d’un autre répondant au nom de Kan Boar.

Par ailleurs, les tenants de ladite thèse, pour lesquels Chak Tok Ich’aak I  est le 14ème dirigeant de Tikal et le commanditaire de la Stèle 26, n’ont pas établi non plus l’existence d’un ancêtre de ce dernier (qui n’est cité ni dans Sharer 1994 ni dans Sharer & Traxler 2006) , portant le nom de Lady of Tikal dont le glyphe est situé en B9 (Jones & Satterthwaite 1982 : 58). Sur la base de l’hypothèse d’un déchiffrement correct du glyphe B9, et faute d’avoir établi l’existence d’un ancêtre de Chak Tok Ich’aak I  dénommé Lady of Tikal, le commanditaire de la Stèle 26 serait donc postérieur à Chak Tok Ich’aak II puisque la seule Lady of Tikal connue en serait la fille (Martin & Grube  2000 : 38) ; ce qui constituerait une confirmation de l’échec de S. Martin 2003 à réaliser un regroupement dynastique qui seul aurait rendu crédible l’hypothèse selon laquelle Chak Tok Ich’aak I  fut le commanditaire de la Stèle 26 (23).

Un tel échec fait planer un doute sur la thèse d’une rupture dynastique entre Chak Tok Ich’aak I et Yax Nuun Ayiin I puisqu’il est difficilement concevable que le commanditaire, qu’il ait été  Chak Tok Ich’aak II ou un dirigeant postérieur à Lady of Tikal, ait fait référence dans la liste de ses ancêtres à Chak Tok Ich’aak I dont l’assassinat aurait été l’acte fondateur de la nouvelle dynastie à laquelle ils auraient appartenu.

 

 

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