TYPES ET FORMES

 

 

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LA CORRÉLATION GMT EN QUESTION

 

André SEGURA

 

Docteur d’État

Maître de conférences (e.r)

Doyen honoraire

Université du Sud-Toulon-Var

segura@univ-tln.fr

segura.epig@free.fr

 

 

Cette analyse développée ici a été amplifiée dans

LE SYSTEME CALENDAIRE MAYA

 

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LA CORRELACIÓN GMT QUE SE CUESTIONA

 

Resumen

La correlación GMT entre las fechas mayas, escritas en el sistema de la Cuenta Larga, y las fechas gregorianas, que pretende a la universalidad y estriba en la hipótesis de que el último kin del katún lleva una denominación en Ahau quedaría confirmada por la prueba lunar. Esta hipótesis relativa al último kin del katún, que está en contradicción con aquélla relativa a la duración de las diferentes unidades de tiempo (uinal, tun, katún), está negada por los datos epigráficos relativos al intervalo de tiempo que separa dos eventos. En cuanto a la pretensión a la universalidad, la cuestiona la hipótesis que se relaciona con la diversidad de los órdenes de clasificación de los nombres del Tzolkín, sugerida por la falta de acuerdo respecto a dicho orden. En fin, en el marco de las hipótesis de J.E Teeple, la validación por la prueba lunar queda debilitada por los datos astronómicos.

Palabras clave: correlación, fechas mayas, fechas gregorianas, Cuenta Larga, prueba lunar.

 

The GMT correlation in question

 

Abstract.

The GMT correlation between Maya dates, expressed in the Long Count system, and Gregorian dates, claims to be universal and rests on the hypothesis that the last kin of the katun is denominated in Ahau. The correlation is supposed to be validated by the lunar test. The hypothesis regarding the last kin of the katun, which stands in contradiction to the other one concerning the duration of the various time units (uinal, tun, katun), is contradicted by the epigraphic data about the time span between two events. As to the universality claim, it is challenged by the hypothesis relating to the diversity of the arrangement order of the Tzolkin names, suggested by the absence of agreement as to that order. Finally, within the frame of JT Teeple’s hypotheses, validation by the lunar test is weakened by astronomical data.

Key words : correlation, Maya dates, Gregorian dates, Long Count, lunar test.

 

 

La corrélation GMT entre dates mayas et dates grégoriennes, qui est la plus largement acceptée, prétend à l’universalité et fut construite sur l’hypothèse que le nom entrant dans la composition de la référence Tzolkín du dernier kin d’un katún est Ahau. Par ailleurs, parmi les critères qui permettraient de faire un premier tri entre les différentes corrélations, J.E.S Thompson, le dernier des trois contributeurs à ladite corrélation, retient la concordance entre les phases  lunaires associées aux dates grégoriennes et celles accompagnant les comptes longs correspondant auxdites dates ; ce test lunaire serait satisfait par la corrélation GMT.

Ces trois points, LA référence en Ahau du dernier kin d’un katún, l’universalité et le test lunaire posent des problèmes qui seront évoqués ici.

 

LA RÉFÉRENCE TZOLKÍN DU DERNIER KIN D’UN KATUN

 

La corrélation GMT est construite sur la base du postulat que le dernier kin d’un katún a une référence Tzolkín en Ahau. Ce postulat, est repris par la thèse traditionnelle ; ce qui l’amène à soutenir que deux périodes de temps consécutives de même durée ont un jour/kin (kin)en commun. Ce postulat est en contradiction avec les données épigraphiques et cet autre élément de la thèse traditionnelle relatif à la durée des unités de temps supérieures au kin.

 

ASSIMILATION DU KIN AU JOUR PAR LA THÈSE TRADITIONNELLE

 

S.G Morley formule un modèle de lecture des dates écrites sous forme de Série Initiale en établissant un parallèle avec une date grégorienne en ces termes :

 « Although the unit of the Maya Initial Series  is the day, while that of our own Christian chronology is the year, the two systems are not unlike in their respective methods of record. For example, when we write the date Monday, December 31, A.D 1945, we mean that 1 period of one thousand years, 9 periods of one hundred years, 4 periods of ten years and 5 periods of one year have elapsed  since the birth of Christ, the starting point of our own chronology, called "Anno Domini", (…) to reach a day Monday, which was the 31st day of the month of December.

Similarly, when the ancient Maya wrote the Initial Series 9.17.0.0.0.0 13 Ahau 8 Cumhu (…) they meant that 9 periods of 144,000 days (9 baktuns), 17 periods of 7,200 days (17 katuns), 0 periods of 360 days (0 tuns), 0 periods of 20 days (0 uinals) and 0 periods of 1 days (0 kins) had elapsed since the starting point of their chronology, 4 Ahau 8 Cumhu (…) until the day "13 Ahau" which occupied the month-position "18 Cumhu", was reached. » (Morley 1946 : 287).

Il ressort de ce modèle que la référence Haab (18 Cumhu) est l’équivalent du 31 Décembre autrement dit qu’un kin est un concept équivalent à celui de jour, qui commence à 00h pour s’achever à 24h ; plus près de nous, Prudence M. Rice reprend à son compte cette équivalence au point qu’elle considère que le milieu de la nuit pouvait marquer le commencement d’un nouveau kin « as Westerners do at présent » (Rice 2007: 54). À l’instar de deux jours consécutifs, deux kins se succèderaient sans solution de continuité. Tout logiquement, il faudrait que la thèse traditionnelle en déduise qu’à un kin donné, comme à un jour donné, ne pouvait pas être associé à deux dates différentes (consécutives).

 

LA QUESTION DU PREMIER KIN D’UN GRAND CYCLE

 

C’est pourtant avec cette logique que rompt la thèse traditionnelle dans la mesure où elle  soutient qu’au dernier kin d’un katún était associé un compte long se terminant par trois zéros et une référence Tzolkín en Ahau. C’est le point de vue de J.T Goodman qui abandonna en 1905 la position qui était la sienne en 1897 à ce propos. Pour satisfaire aux conditions de l’établissement d’une corrélation entre dates mayas et juliennes/grégoriennes, J.T Goodman-1905 soutint qu’un tel type de compte long était relatif au dernier kin d’un katún.  En 1911, G.S Morley rallia la position de Goodman-1905 après avoir adhéré à celle de Goodman-1897. La thèse Goodman-1905/Morley-1911-1915, adoptée par le monde des mayanistes, déboucha logiquement sur l’affirmation explicite de F.G Lounsbury selon laquelle « The zero day of the current era was thus also the final day of the preceding era » (Lounsbury 1978: 766), autrement dit qu’à un même kin était associées deux dates consécutives exprimées sous forme de compte long.

 

La genèse de la thèse traditionnelle

 

Après qu’A.P Maudslay eût forgé le modèle de Série Initiale (Maudslay 1889-1902 Vol V: 40), J.T Goodman lisait celle par laquelle commençait le texte du côté est de la Stèle C de Quiriguá, 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú, comme la date du « beginning of the 54th great cycle » (Goodman 1897: 127), autrement dit, du début du grand cycle de 13 baktuns en cours lorsque la Conquête eut lieu.

L’identification du kin correspondant à cette Série Initiale comme premier kin du grand cycle en cours lorsque Dame Wac Chanil Ahau fonda une nouvelle dynastie à Naranjo était dans un rapport contradictoire avec la grille de lecture des dates dont le compte long se terminait par quatre ou trois zéros et que J.T Goodman livre dans Appendix de Biologia Centrali-Americana. Il y analyse des dates, notamment celles du Temple des Inscriptions de Palenque (Goodman 1897: 138). Après un compte long indiquant un nombre de baktuns égal à 9, les dates sont exprimées sous forme de double référence dans la Roue Calendaire. Il avance qu’une date comme 11 Ahau 18 Tzec indique le commencement du cinquième katún du neuvième baktún et qu’une autre écrite 3 Ahau 3 Zotz marque le début du neuvième katún de ce même baktún. Sous forme de Séries Initiales, de telles dates auraient pu être écrites respectivement : 9.5.0.0.0 11 Ahau 18 Tzec et 9.9.0.0.0 3 Ahau 3 Zotz. Et c’est tout naturellement que J.T Goodman considère que la double référence 7 Ahau 18 Zip, à laquelle correspondait le compte long 10.0.0.0.0, fut celle du début du dixième baktún (Goodman 1897: 138).

Il aurait donc fallu en déduire que le compte long  0.1.0.0.0, avec la double référence dans la Roue Calendaire 2 Ahau 8 Mac qui lui aurait correspondu, aurait constitué la date du premier kin (du premier uinal, du premier tun) du premier katún du premier baktún du cinquante-quatrième grand cycle. À partir de là, la détermination du rang occupé dans le déroulement du cinquante-quatrième grand cycle par le kin 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú devenait problématique. Le problème subsista, mais transformé, après que J.T Goodman eut changé d’avis en 1905 : « I have found good reasons in the inscriptions  for  revising my chronological  calendar  in one  particular.  The signs which I thought indicated  the beginning  really denote the end ; so that what appears in  the tables as the first day of  an  ahau, katun, cycle, or  great cycle  is, instead, the  last  day of that  period » ( Goodman 1905: 642-643).

Ce changement par rapport au point de vue soutenu dans Appendix intervint dans le cadre de la résolution du problème de la corrélation entre les Séries Initiales, qualifiées de calendrier archaïque, et le calendrier julien/grégorien ; l’établissement d’une telle corrélation passait, notamment, par celui d’une autre entre le calendrier archaïque et le calendrier Xiu (Goodman 1905: 642), en vigueur durant la Conquête et la période coloniale. Le point de départ de la résolution fut l’établissement de la corrélation entre le calendrier Xiu et le calendrier julien qui fut rendu possible par l’enregistrement d’un même évènement dans les deux systèmes de calendrier (Goodman 1905: 644-646 ; Sharer 1994: 574). La seconde étape, la corrélation entre le calendrier archaïque et le calendrier Xiu (dans le cadre duquel les katuns étaient nommés d’après leurs derniers kins, des kins dont la référence Tzolkín était en Ahau[1]), supposait que J.T Goodman abandonne le point de vue qui était le sien dans Appendix pour admettre que tout katún s’achevait sur un kin de référence Tzolkín en Ahau. Il établit qu’à la date, 13 Ahau 8 Xul, formulée dans le cadre du second, correspondait le compte long 11.16.0.0.0 (Goodmann 1905: 646). S.G Morley finit par adopter le point de vue Goodman-1905 sur la question de la dénomination des kins de fin de katún, après avoir soutenu jusqu’en 1910  la même position que J.T Goodman-1897 (Morley 1910: 195). Il afficha ce revirement l’année suivante dans un article consacré aux livres de Chilam Balam (Morley 1911: 197). En 1915, l’étude des glyphes ne fit que “conforter” le bien-fondé de son antérieur changement d’opinion (Morley 1915: 79).

C’est ce revirement, commandé par la satisfaction des exigences de la construction d’une corrélation[2], qui explique sans doute le choix fait par S. G Morley entre les deux significations possibles du glyphe censé indiquer les fins de baktuns et katuns, la main telle que représentée ci-dessus. À la page 77, à laquelle il fait référence lorsqu’il affirme, sans l’ombre d’une hésitation, qu’un katún s’achève toujours sur un kin Ahau (cf. supra), il reconnaît presque furtivement  que le glyphe “main”[3] est « a glyph or element which means "ending" or "is ended" » (Morley 1915: 77). Mais très vite, dans les lignes qui suivent, omettant la seconde signification possible, il opte pour la première, sans justifier son choix[4]. Or, du point de vue qui nous occupe, il n’est pas indifférent d’opter pour l’une ou l’autre des deux significations : la première valide la position de Goodman-1905, la seconde accrédite la thèse selon laquelle un compte long se terminant par trois (ou quatre) zéros était associé au premier kin d’un katún. Dès lors la position de S. G Morley ne varia plus ; il reprit cette thèse de manière constante jusqu’à The Ancient Maya (Morley 1946: 292) en passant par « The Earliest Maya  Dates » ( Morley 1925: 666). Le fait qu’elle ait été reprise dans toutes les éditions de The Ancient Maya atteste qu’elle a été adoptée par les mayanistes dans leur grande majorité. Dans le Guide Book…cette position est explicitement formulée à propos de la tradition d’élever des stèles pour marquer « the successive katun-, lahuntun- and hotun-endings» (Morley 1935: 25). S.G Morley la réaffirme implicitement lorsqu’il trace un parallèle, à vocation didactique, entre dates grégoriennes et dates mayas ; pour ce faire, il choisit le 31 décembre 1934 et la Série Initiale 9.17.0.0.0 13 Ahau 18 Cumkú (Morley 1935: 193). De même que le 31 décembre 1934 est, selon S.G Morley, la fin de la 1934ème année suivant la naissance du Christ, 9.17.0.0.0 13 Ahau 18 Cumkú est la fin d’une période de 9 baktuns et 17 katuns dont le point de départ est le kin 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú, la date zéro de la chronologie maya. Reprenant ce parallèle en substituant le premier janvier au trente et un décembre, R.J Sharer éprouva le besoin de rappeler ce que le parallèle semblait contredire après une telle modification, à savoir que « A date like 9.17.0.0.0 , commemorating as it does the conclusion of a katun (…) is called a katun-ending date (…) ; dates of this sort occur frequently on ancient Maya monuments » (Sharer 1994: 570). Cette thèse, appliquée à l’un des exemples retenu par J.T Goodman-1897, et rapportés ici, impliquerait d’avancer qu’une date comme 3 Ahau 3 Zotz, à laquelle correspond un compte long 9.9.0.0.0, est celle du dernier kin du neuvième katún et non celle de son premier kin. C’est ce qui est explicitement exposé dans le tableau qui constitue l’annexe de The Ancient Maya, de la première à la sixième édition (Morley 1946: 459-462 ; Sharer & Traxler 2006: 780-784).

J.E.S Thompson reprend explicitement cette thèse à son compte en écrivant : « a second postulate, that the Maya were naming their katuns for their opening days, is contrary to the general evidence » ( Thompson 1971: 309 ; 183).

 

La thèse traditionnelle et le chevauchement des unités de temps

 

Le point de vue exposé dans The Ancient Maya, représentatif de la thèse traditionnelle, pose un problème à propos du premier kin du grand cycle en cours lorsque Skyraiser monta sur le trône d’El Mirador. Dans toutes les éditions de cet ouvrage, comme dans le Guide Book…, le kin 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú est considéré comme le premier kin (du premier uinal, du premier tun) du premier katún, du premier baktún de ce grand cycle[5]. Dans le tableau-annexe de The Ancient Maya, qui expose la correspondance entre dates mayas et dates grégoriennes, celles dont le compte long se termine par quatre ou trois zéros y sont qualifiées de dates de fin de katún. Le tableau commence avec la date 8.0.0.0.0 9 Ahau 3 Zip depuis la quatrième édition. Une remontée dans le temps à partir de 8.0.0.0.0, sur la base du modèle procédant du tableau, devrait aboutir immanquablement à 0.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú, qui serait donc nécessairement une date de fin de katún.

Le problème surgit lorsqu’on sait que 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú est (formellement, Cf. Segura 2016, Chapitre 5) équivalent à 0.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú (Edmonson 1995: 155 ; Rice 2004: 67) : comment concevoir qu’un grand cycle ait pu commencer par un kin dont la date serait une date de fin de katún ?

Ce problème a une solution : un même kin aurait été à la fois celui par lequel s’achevait (le dernier katún d’) un grand cycle et celui par lequel commençait (le premier katún d’) un nouveau grand cycle[6]. Si tel était le cas, deux grands cycles successifs auraient eu un kin en commun. L. Schele et D. Freidel semblent valider cette déduction lorsqu’ils écrivent : « In the Maya conception, the zero day of this era-based calendar fell on 13.0.0.0.0 of the Long Count, 4 Ahau 8 Cumku of the Calendar Round, and on a day when ninth Lord of the Night was ruling  (…) In the near future Maya time also approaches one of its great benchmarks. Decembre 23, 2012, will be 13.0.0.0.0 4 Ahau 3 Kankin, the day when the 13 baktuns will end » (Schele & Freidel 1990: 82). F.G Lounsbury est encore plus explicite lorsqu’il écrit : « The zero day of the current era was thus also the final day of the preceding era ».

 

LES CONTRADICTIONS DE LA THÈSE TRADITIONELLE

 

La thèse traditionnelle souffre de deux contradictions : contradiction avec les données épigraphiques de la Période Classique et contradiction interne.

 

La contradiction avec les données épigraphiques classiques

 

Si le premier kin du grand cycle en cours et le dernier du grand cycle précédent se confondent, comme le soutient F.G Lounsbury, alors il faudrait en arriver à une conclusion concernant l’intervalle séparant deux évènements se produisant dans deux grands cycles successifs qui est contredite par les inscriptions.

Considérons deux évènements ayant eu lieu au cours de deux grands cycles successifs. Soit un évènement Eα s’étant produit au cours du kin [α], séparé de la fin du grand cycle [Gn], auquel il appartient, par un nombre de kins égal à [kα] ; soit un second évènement Eβ s’étant produit au cours du kin [β], séparé de la fin du grand cycle suivant [Gn+1], auquel il appartient, par un nombre de kins égal à [kβ]. Le nombre de kins séparant ces deux évènements devait donc être égal à [kα+kβ-1] et non à [kα+kβ], si le dernier kin de [Gn] et le premier de [Gn+1] étaient confondus, autrement dit si F.G Lounsbury avait raison.

Une formule générale peut être établie. Soit [1 872 000] le nombre de kins composant un grand cycle ; soit [n] le nombre de grand cycles entiers s’interposant entre ceux au cours desquels deux évènements se sont produits. Apparemment, si le dernier kin d’un grand cycle et le premier du suivant se confondaient, l’intervalle réel [R] séparant les deux événements  pourrait apparemment être calculé à l’aide  la formule

 

R = kα + kβ + [1872000 * n] – (n+1)]

 

Si deux grands cycles successifs ont constitué le cadre de deux évènements, [n] est nul et R est égal à [kα + kβ -1].

Mais en fait, la thèse de F.G Lounsbury aboutit à une minoration de l’intervalle séparant deux évènements ayant eu lieu au cours de deux grands cycles successifs plus importante que celle traduite par la précédente formule. Cela vient de ce que soutenir que le premier kin du grand cycle en cours est le dernier du grand cycle précédent, c’est dire que le premier kin du premier uinal (du premier tun, du premier katún, du premier baktún)  du grand cycle en cours est aussi le dernier kin du dernier uinal (du dernier tun, du dernier katún, du dernier baktún) du grand cycle précédent. Or, 20 kins après le dernier kin du dernier uinal du grand cycle précédent, le curseur du temps doit atteindre le dernier kin du premier uinal du grand cycle en cours ; et 20 kins après le premier kin du premier uinal du grand cycle en cours, le curseur du temps doit atteindre le premier kin du deuxième uinal du grand cycle en cours. Comme le dernier kin du dernier uinal du grand cycle précédent et le premier kin du premier uinal du grand cycle en cours se confondent, le dernier kin du premier uinal du cycle en cours et le premier kin du deuxième uinal du grand cycle en cours en font tout autant.

Dès lors, ce qui a été dit pour deux évènements s’étant produit au cours de deux grands cycles successifs peut être transposé à ceux qui se seraient produits au cours de deux uinals successifs. Soit un évènement Eα s’étant produit au cours du kin [α], séparé de la fin du uinal [Un], auquel il appartient, par un nombre de kins égal à [kα] ; soit un second évènement Eβ s’étant produit au cours du kin [β], séparé de la fin du uinal suivant [Un+1], auquel il appartient, par un nombre de kins égal à [kβ]. Le nombre de kins séparant ces deux évènements devait donc être égal à [kα+kβ-1] et non à [kα+kβ], si le dernier kin de [Un] et le premier de [Un+1] étaient confondus, autrement dit si F.G Lounsbury avait raison.

Une formule générale peut être établie. Soit [20] le nombre de kins composant un uinal ; soit [n] le nombre de uinals entiers s’interposant entre ceux au cours desquels les deux évènements se sont produits. Si le dernier kin d’un uinal et le premier du suivant se confondaient, l’intervalle de temps réel [R] séparant les deux événements  pourrait être calculé à l’aide  la formule

 

R = kα + kβ + [20 * (n)] – [(n+1)]

 

Si les deux évènements s’étaient produits au cours de deux uinals successifs (n=0), le R aurait été égal à :

 

R = kα + kβ – 1

 

Par extrapolation, sachant que le katún est composé de 360 uinals, l’intervalle de temps réel séparant deux évènements s’étant produits au cours des derniers kins (des uinals terminaux) de deux katuns successifs aurait été de 6 839 kins car le nombre de uinals entiers contenus dans ledit intervalle aurait été de 359.

 

R = 0 + 19 + (20*359)-(359+1) = 6 839 kins

 

De même, parce que le grand cycle contenait 93 600 uinals, si deux évènements avaient  eu lieu au cours des derniers kins (des uinals terminaux) de deux grands cycles successifs, l’intervalle de temps réel les séparant aurait été de 1 778 399 kins.

 

 R = 0 + 19 + (20*93599)-(93599+1) = 1 778 399 kins

 

Or, une telle règle de calcul n’est pas vérifiée par les nombres distance figurant sur les monuments mayas.

À titre d’exemple, sur le panneau ouest du Temple des Inscriptions de Palenque, les scribes mayas ont inscrit le nombre distance 10.11.10.5.8 pour passer de la date de départ 9.8.9.13.0. 8 Ahau 13 Pop, date de naissance de K’inich Janaab Pakal I, à la date d’arrivée 7.0.0.0.8 5 Lamat 1 Mol, date du quatre-vingtième “anniversaire”[7] de la double référence dans la Roue Calendaire 5 Lamat 1 Mol sous les auspices de laquelle Pakal I accéda au trône. Alors que 9.8.9.13.0. 8 Ahau 13 Pop appartient au grand cycle en cours lorsque le Dirigeant 7 de Piedras Negras commandita le Panneau 3, 7.0.0.0.8 5 Lamat 1 Mol est une date du grand cycle suivant. À ce nombre distance correspond le nombre de 1 522 908 kins qui est égal à la somme de [kα] (514 900) et de [kβ] (1 008 008) ; par contre, la formule de calcul de [R], déduite de la thèse de F.G Lounsbury, ne permet pas de retrouver ce nombre car, formellement, à ce nombre distance correspond un nombre de uinals égal à 76145 auquel s’ajoute un résidu de 8 kins. Pakal étant né au cours du premier kin d’un uinal, les deux évènements associés aux dates  9.8.9.13.0. 8 Ahau 13 Pop et 7.0.0.0.8 5 Lamat 1 Mol sont séparés par 76 144 uinals entiers. Dès lors, dans le cadre de la thèse de F.G Lounbury, le R s’établit à

 

R = 19 + 8 + (20*76144) – (76144+1) = 1 446 762 kins

 

On peut, bien évidemment, faire l’hypothèse que les scribes mayas se sont trompés et qu’ils auraient dû écrire le nombre distance correspondant à R sous la forme 10.0.18.14.2 ; cette hypothèse n’est pas irréaliste car ce ne serait pas la première erreur commise : un exemple d’erreur, qui ne touche pas à la même question, est présent sur le même panneau du Temple des Inscriptions[8].

Mais alors, il faudrait supposer que les scribes se sont systématiquement trompés. Sur l’Autel M de Quiriguá, un nombre distance de 3 tuns + 2 uinals conduit de (9.15.0.0.0) 4 Ahau 13 Yax à (9.15.3.2.0) 6 Ahau 18 Zac. La quantité de kins à laquelle correspond ce nombre distance est supérieure à celle séparant réellement ces deux dates dès lors que l’on admet la thèse de F.G Lounsbury. Formellement, cette quantité est égale à 1 120 kins alors que sur la base la formule de détermination de R, donc sous l’hypothèse de F.G Lounsbury, le nombre de kins séparant en réalité ces deux dates s’élèverait à 1 063.

 

R = 19 + 0 + (20*55) - (55+1) = 1 063 kins

 

Les données épigraphiques invalident donc la thèse traditionnelle selon laquelle « The zero day of the current era was thus also the final day of the preceding era ».

Cette  contradiction entre les données épigraphiques, appartenant à la Période Classique, et le calendrier Xiu, base de la construction de la corrélation GMT, vient possiblement de ce que dans le cadre dudit calendrier chaque lever de soleil faisait avancer d’une unité le compte des kins alors que, à l’époque des Séries Initiales, le Compte Long enregistrait les kins écoulés donc les couchers de soleil (Thompson 1971: 175-177 ; Segura 2016, Chapitre 3).

 

La contradiction interne

 

Cette invalidation de la thèse traditionnelle par les données épigraphiques est révélatrice de son caractère contradictoire.

C’est avec raison que la thèse traditionnelle retient  pour les différentes unités de temps, uinal, tun, katún et baktún des durées respectives de 20, 360, 7200 et 144 000 kins. Or, par ailleurs, la logique procédant des exigences de la corrélation lui commandait de considérer que « The zero day of the current era was thus also the final day of the preceding era ». De ce fait, comme cela fut précédemment établi, le premier kin d’un uinal devait être confondu avec le dernier kin du uinal précédent. Le résultat est que deux uinals successifs n’auraient pas formé un ensemble comptant réellement 40 kins mais 39 ; en extrapolant, trois uinals n’auraient pas constitué un ensemble de 60 kins mais de 58. D’une manière générale, si [m] est le nombre de uinals composant une unité de temps supérieure, le nombre de kins de cette dernière, désigné par [I],  aurait été égal à

 

I = (20*m)-(m-1)

 

Si cette unité de temps est le tun, composé de 18 uinals, la durée réelle du tun n’aurait pas été de 360 kins mais de [It = (20*18)-(18-1) =] 343 kins. À partir de là, au katún, ensemble de 360 uinals,  aurait correspondu un nombre de kins égal à

 

Ik = (20*360)-(360-1) = 6 841 kins

 

La résolution de cette contradiction impose d’abandonner l’idée qu’un kin dont le compte long associé se terminait par trois ou quatre zéros, et dont la référence Tzolkín était en Ahau, était le dernier kin d’un katún ou d’un baktún ; cet abandon induit celui de son corolaire selon lequel deux unités de temps successives avaient un kin en commun[9]. Il doit être considéré qu’un tel compte long et une telle référence Tzolkín entraient dans la composition de la Série Initiale relative au 1er kin d’un katún ou d’un baktún.

Compte tenu de la dépendance de la corrélation GMT vis-à-vis du postulat selon lequel le dernier kin d’une unité de temps portait une référence Tzolkín en Ahau, il semblerait que les données épigraphiques et la durée reconnue des unités de temps supérieures au kin sapent la base de ladite corrélation.

 

L’IMPOSSIBLE CORRÉLATION UNIVERSELLE

 

À Piedras Negras, sur PNG 3, à Dos Pilas, sur DPL 25, à Cobá, sur COB 1 et à Edzná, sur EDZ 3, le même compte long 9.14.0.0.0 est accompagné de dates lunaires dans la composition desquelles entrent des phases lunaires exprimées, respectivement, par 17D, 16D, 5D et 1E.  Un tel cas de figure, associant des phases lunaires différentes à un même compte long, cas qui n’est pas unique[10], est inintelligible dans le cadre d’une corrélation GMT qui établit une relation biunivoque entre une date maya, exprimée sous forme de compte long, et une date julienne/grégorienne. La seule façon d’expliquer ce cas de figure est de remettre en cause cette relation biunivoque en prenant en compte le fait que d’une cité à l’autre l’ordre de rangement des noms du Tzolkín a pu changer.

Il a été établi (Segura 2016, Chapitre 1) que deux ordres de rangement des noms du Tzolkín, commençant par Ik (Morley 1946:267) et Akbal (Sharer 1994: 565 ; Sharer & Traxler 2005: 109), était compatibles avec les coefficients des références Haab des premiers kins des grands cycles à condition de faire une hypothèse adéquate quant à l’intervalle de numérotation des kins dans le cadre des uinals du Haab. Les listes des noms du Tzolkín commençant par Akbal et par Ik devaient être associées, respectivement, aux numérotations 1/20 et 0/19 des kins des uinals[11]. Ces deux associations seront désignées par les expressions « système [T-Akbal 1/20] » et « système [T-Ik 0/19] ». Le premier de ces deux systèmes commandait de considérer que le grand cycle durant lequel El Mirador s’effondra était le 4ème de la grande ère en cours. Dans le cadre du second système, le rang occupé dans la grande ère en cours par le grand cycle durant lequel Quiriguá s’affranchit de la tutelle de Copán ne pouvait être que le 25ème.

Soit une cité C1, dans laquelle le système [T-Akbal 1/20] était en vigueur ; le premier kin du premier grand cycle de la première grande ère du 4ème Âge de l’univers, enregistré par le Compte Long, avait pour double référence dans la Roue Calendaire (drRC) 4 Ahau 18 Ceh. L’hypothèse est ici reprise que la Roue Calendaire fut mise en mouvement avant le Compte Long, par le premier lever du Soleil du Quatrième Âge, forme de manifestation de l’apothéose de Hunahpú après sa victoire sur les Seigneurs de Xibalbá (Segura 2016, Chapitre 1 et 3 ). Le premier kin enregistré par ce compte, nécessairement postérieur au premier kin du Quatrième Âge, aurait été celui au cours duquel les hommes de maïs furent créés en quatre exemplaires ; c’était  le premier kin de référence Tzolkín 4 Ahau.

Dans une cité C2, dans laquelle les scribes utilisaient le système [T-Ik 0/19], le premier kin du premier grand cycle de la première grande ère du 4ème Âge ayant pour référence Tzolkín 4 Ahau avait pour référence Haab 18 Yax. 4420 jours (soient 17 Tzolkíns ou 12 tuns et 5 uinals) plus tard 4 Ahau fut associé à 18 Ceh dans cette cité.

À l’intérieur d’un siècle mésoaméricain, une drRC donnée devait donc être associée à deux jours distincts dans deux cités dont les scribes utilisaient deux tzolkíns différant par l’ordre de rangement des noms. Dans le cadre d’un siècle de 52 haabs, l’intervalle séparant deux kins de même drRC écrite sur la base des deux systèmes [T-Akbal 1/20]  et [T-Ik 0/19] était donc de 4 420 jours.

Compte tenu de la correspondance entre Compte Long et drRC, le compte long 13.0.0.0.0 et la drRC 4 Ahau 8 Cumkú ont dû être des éléments de la datation d’un kin en C2 4 420 jours (ou 12 tuns et 5 uinals) après qu’ils l’aient été en C1. Supposons qu’en C1 le kin 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú ait correspondu, conformément à la corrélation GMT (JDN 584 283), au jour 11 août 3114 av. J-C. Le correspondant de cette date grégorienne en C2 aurait été 12.19.7.13.0 4 Ahau 4 Uo. Lorsque, dans cette dernière cité, le curseur du temps atteignit le kin 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú, son pendant grégorien aurait été le 17 septembre 3012 av. J-C. Donc, à un compte long donné, et plus largement à une Série Initiale combinant compte long et drRC, deux jours distincts devaient correspondre dans deux cités dont les scribes utilisaient deux tzolkíns différant par l’ordre de rangement des noms et, inversement, à un même jour devait correspondre deux kins auxquels étaient associés des comptes longs et des drRC différents.

Mais, comme cela a été rappelé précédemment, ce n’est pas la seule différence entre C1 et C2. En C1, le grand cycle commençant par un kin de drRC (13.0.0.0.0) 4 Ahau 8 Cumku devait être considéré comme le 4ème de la grande ère en cours alors qu’en C2 son rang dans la grande ère devait être le 25ème. Autrement dit, en C1 le 4ème grand cycle de la grande ère en cours commença avec le kin (13.0.0.0.0) 4 Ahau 8 Cumku 4 420 jours avant le kin, auquel pouvaient être associés le même compte long et la même drRC, qui inaugura le 25ème grand cycle de la même grande ère en C2.

Le fait que ce modèle permette d’expliquer les cas où à un même compte long sont associées différentes phases lunaires dans différentes cités et de rendre compte de la “ curiosité” que constituent les coefficients de D/E affichés sur les stèles 52 et 89 de Calakmul augmente son degré de recevabilité (Segura 2016, Chapitre 8).

Ce modèle, conforté par sa capacité explicative des “anomalies” relatives aux phases lunaires associées aux comptes longs, en remettant en cause la relation biunivoque entre dates mayas et dates juliennes/grégoriennes, sape les fondements (de la prétention à l’universalité) de la corrélation GMT[12].

 

LE TEST LUNAIRE

 

Sur la base du panier de dates lunaires retenu par J.E. Teeple dans Maya Astronomy et de l’hypothèse que les coefficients de D/E étaient tirés de l’observation, J.E.S Thompson semblait fondé à considérer qu’une corrélation dans le cadre de laquelle l’âge de la Lune, donné par lesdits coefficients affichés sur les monuments de la Période Classique, ne correspondrait pas à la réalité des choses[13] n’était pas recevable (Thompson 1971: 237 ; 307).

Avec le dernier contributeur à la corrélation GMT, admettons

1°) la correspondance entre 11.16.0.0.0 et le  12/11/1539 qui constitue le socle de ladite corrélation ;

2°) la thèse de John E. Teeple selon laquelle les phases lunaires affichées, sous la forme de coefficients associés aux glyphes D ou E, sur les monuments étaient tirées de l’observation ;

3°) la périodisation desdites séries proposée par l’auteur de Maya Astronomy d’après laquelle la Période d’Unité fut ouverte par un accord sur la série lunaire 5E 4C[14] associée au compte long 9.12.15.0.0 sur la Stèle 6 de Piedras Negras.

Admettre ces trois hypothèses conduit à un paradoxe qui fragilise ladite corrélation.

La phase lunaire observable en 9.12.15.0.0 aurait donc pu être exprimée par 5E ou 25D. Par ailleurs, d’après les éphémérides, la phase lunaire observable à la date du 12/11/1539 pouvait être traduite par 3D[15].

Le paradoxe vient de ce qu’il n’est pas possible de retrouver cette phase lunaire pour 11.16.0.0.0 en retenant pour kin-base 9.12.15.0.0. 5E et la période synodique de la Lune, soient 29,530589 jours, comme diviseur de l’intervalle séparant le kin-base du kin-socle 11.16.0.0.0. Cet intervalle de 311 400 kins correspond à 10 544 périodes synodiques + 29 ou 30 jours (29,46) ; le coefficient de E pour 11.16.0.0.0 s’obtient en ajoutant 29 ou 30 à 5E (25D) ; ce qui fait qu’à 11.16.0.0.0 devrait correspondre le même coefficient de E que celui associé à 9.12.15.0.0, 5E[16], alors que les éphémérides associent 3D au 12/11/1539.

Il est possible que ce paradoxe soit induit par l’une des hypothèses qui sous-tend la corrélation GMT  selon laquelle les Mayas ne corrigeaient pas l’effet de la différence de durée entre l’année de 365 kins (le Haab) et l’année solaire tropique[17].

Dès lors, peut-on considérer que la corrélation GMT satisfait au critère éliminatoire édicté par l’un de ses promoteurs ?

 

Hyères, le 4 juillet 2017

 

Références bibliographiques

 

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[1] L’explication de ce changement peut être recherchée du côté de la possible mutation de la comptabilisation des kins depuis le point de départ de la chronologie, le kin 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú (Segura 2016, Chapitre 3).

[2] Après avoir affirmé que la question de savoir si les katuns étaient nommés d’après leur premier ou leur dernier kin était sans importance (Morley 1910: 195).

[3] Dont l’index recourbé et le pouce tendent à se rejoindre.

[4] Établissant un parallèle avec le concept aztèque de xiuhmolpilli, S. G Morley écrit : «The use of the hand as expressing the meaning "ending" is quite natural» (Morley 1915: 79).

[5] Pour certains, c’est aussi le « the beginning of the present Fourth (or Fifth) Creation of the cosmos, the beginning of time itself » (Rice 2004: 67). Le point de vue de P.M. Rice est incompatible, notamment, avec la date écrite découverte sur la Stèle 1 de Cobá qui présente le kin 4 Ahau 8 Cumkú, par lequel commence ce grand cycle, comme venant après que se soit écoulé un nombre de grands cycles correspondant aux vingt nombres 13 relatifs aux vingt unités de temps supérieures au katún (Schele & Freidel 1990: 430). Cette idée que le début du temps remonte à une date antérieure à 13.0.0.0.0 4 Ahau 8 Cumkú est également exprimée ailleurs qu’à Cobá. À Yaxchilán, la Marche VII de l’Escalier hiéroglyphique 2 de la Structure XXXIII de Yaxchilán porte une date d’où procède la même idée, quelle que soit l’interprétation que l’on donne de l’ensemble constitué des cinq derniers nombres du Compte Long et de la double référence.

[6] P.M Rice propose une autre solution. À propos du katún dont la date de fin s’écrirait 7.6.0.0.0 11 Ahau, elle soutient que « this k’atun would have begun on 7.5.0.0.1 on a day 1 Imix, which is always the first day of a k’atun » (Rice 2007: 176). Cette solution est irrecevable à cause du statut du compte long qui mesure le nombre de kins écoulés depuis le premier kin du grand cycle en cours. Le compte long 7.5.0.0.1 entre donc dans la composition de la date du deuxième kin du katún considéré. Le compte long associé au premier jour du sixième katún du huitième baktún est 7.5.0.0.0 et la référence Tzolkín est en Ahau.

[7] Un intervalle de temps égal à 80 fois la durée d’un siècle mésoaméricain (52 haabs) se sera écoulé depuis l’accession de Pakal lorsque le curseur du temps atteindra le kin 7.0.0.0.0.8  5 Lamat 1 Mol.

[8] Sur ledit panneau un nombre distance est indiqué, 7.18.2.9.1.12.1 (F9-E12), qui est censé permettre le passage du kin (9.9.2.4.8) 5 Lamat (E6) 1 Mol (F6) au kin 1 Manik (H1) 10 Tzec (G2). R.C.E Long, repris par J.E.S Thompson (Thompson 1971: 314), a mis en évidence la présence d’une erreur (Long 1923: 68) ; il en proposa une solution. Cette erreur rend plausible le fait qu’une autre ait été commise dans l’écriture du nombre distance  permettant de passer  de 9.8.9.13.0.  8 Ahau 13 Pop à 1.0.0.0.0.8 5 Lamat 1 Mol.

[9] Cet abandon  est aussi suggéré par la notion de période intermédiaire entre deux kins, donc entre toutes les unités de temps, procédant de la cosmogonie telle qu’exposée dans le Popol Vuh (Segura 2016, Chapitre 3).

[10] Ainsi, les coefficients de D/E s’affichent comme étant égaux à 20D et 5D pour le compte long 9.11.0.0.0, respectivement, sur la Stèle 9 de Toniná et la Stèle 13 de Copán. Par ailleurs, 0D, 20D et 7E accompagnent 9.17.0.0.0, respectivement, sur la Stèle E de Quiriguá, la Stèle 3 de Toniná et la Stèle 13 de Naranjo. Enfin, dans la composition de la date lunaire correspondant à 9.10.15.0.0 entrerait 3D et 3E, respectivement, sur les stèles 12 de Copán et D de Pusilhá. Bien sûr, il serait tentant de supposer que dans ce dernier cas de divergence quant au coefficient de D/E le scribe/sculpteur/lecteur a commis l’erreur d’écrire/de lire le glyphe D là où il aurait dû écrire/lire le glyphe E ou l’erreur inverse. Mais le traitement par l’erreur d’écriture/de lecture ne peut pas être appliqué au cas des dates lunaires accompagnant 9.11.0.0.0., 9.14.0.0.0 et 9.17.0.0.0.

[11] Quelle que soit la numérotation des kins d’un uinal, en 1/20 ou 0/19, les coefficients des références Haab des premiers kins des grands cycles, dont la référence Tzolkín est 4 Ahau, ne peuvent être retrouvés sur la base d’un Tzolkín dans lequel Imix aurait été le premier de la liste des noms (cf. Segura 2016, Chapitre 1).

[12] Dans leur Chronicle of the MAYA KINGS AND QUEENS, Simon Martin et Nikolai Grube convertissent les dates mayas au moyen de la corrélation GMT+2 pour toutes les cités après avoir émis des doutes quant à la validité universelle de ladite corrélation (Martin & Grube 2008: 13)

[13] Cette correspondance prend en compte le fait que le point de départ du comptage de l’âge de la Lune pouvait varier d’une cité à l’autre ; ce point de départ a pu être la Nouvelle Lune au sens moderne du terme (Dark Moon), la disparition de la Vieille Lune ou le Premier Croissant de Lune (Teeple 1930: 46 ; Thompson 1971: 239 ; Lounsbury 1978: 774).

[14] Le coefficient du glyphe C indiquait le rang du mois lunaire dans le semestre soit directement soit parce qu’il donnait le nombre de mois lunaires déjà écoulés dans le semestre.

[15] Si la Lune noire est associée à 1D, comme c’est le cas dans les éphémérides ; si elle l’est à 0D, comme c’était possible chez les Mayas, la phase lunaire au 11.16.0.0.0 aurait été exprimée par 2D.

[16] Ou 4E.

[17] Correction qui est assurée, dans le cadre du calendrier grégorien, par le principe de l’année bissextile.

Sur la modalité de correction que les Mayas auraient pu mettre en œuvre, on pourra se reporter à Segura 2016: Chapitre 6.